Une étude publiée en 2021¹ souligne que près de 80 % des personnes atteintes de maladies auto- immunes sont des femmes. Pourquoi? Comment ? Que se passe-t-il réellement en nous et à quel niveau le Yoga peut-il nous accompagner dans cette expérience ?
Le Dr Gabor Maté² dans ses impactant ouvrages et présentations publiques affirme le lien – aujourd’hui largement prouvé, entre trauma(s) vécu(s) dans l’enfance et propension aux maladies. Selon lui, le sentiment de honte, les émotions accumulées et non processées affectent considérablement le développement du cerveau de l’adulte en devenir (la modulation cérébrales, la perspicacité, l’auto-régulation et d’autres circuits neuronaux sont impactés). Les conséquences d’expériences traumatiques amènent des sentiments divers tels que : ne pas appartenir, insécurité, ne pas pouvoir avoir confiance ou trop croire en d’autres personnes (distorsions), entre autres.
De nombreuses études démontrent que même le stress vécu par la mère pendant la grossesse est transmis à l’embryon. Avant même de voir le jour, nos systèmes (nerveux, immunitaires) sont exposés à l’expérience du stress. La grande sensibilité des nouveaux-nés à sentir les adultes dont ils/elles dépendent est profonde : le stress vécu par les pairs est également vécu par les enfants. Gabor Maté continue en expliquant que les vecteurs de stress quotidiens imposés (inconsciemment, socialement, normativement) aux femmes sont conséquents : s’occuper des autres, la charge mentale, la suppression d’une « colère saine »³ , ce qui pourrait expliquer la large majorité du genre a être atteint par diverses maladies auto-immunes – l’impact étant encore plus palpable pour les femmes de couleur.
Au-delà du genre ou des appartenance ethniques et sociales, nous remarquons bien que dans une société pleine de stresseurs (isolation, pertubateurs endocriniens, manque de confiance en nos gouvernements, insécurité financière, conflits, opressions systémiques….), les opportunités de vivre des déséquilibres sont multiples et très élevées.
Aussi, nous savons que le stress diminue, dérange voire supprime la réponse immunitaire ! Pas étonnant d’observer le nombre croissant de maladies auto-immunes déclaré au XXIème siècle, les demandes d’adaptation à nos environnements étant de plus en plus stressants ne respectant pas les besoins vitaux de nos organismes, la survie est alors engagée. Très souvent. Trop souvent.
Mais alors, comment répondre à ces processus et à ces phénomènes ? Comment prendre soin de nous alors que le système lui-même ignore nos élans de vie ?
D’abord, avec compassion, nous pouvons écouter la souffrance et le vécu de chaque sujet/individu sans stigmatiser ou juger leurs comportements d’emblée ;l’addiction, par exemple, est tout de suite accusée alors qu’elle pourrait être considérée comme une adaptation intelligente à un environnement malsain, et pas le contraire…, la maladie aussi pourrait être perçue et considérée comme une réaction à des stimuli spécifiques et systémiques plutôt qu’à une incapacité à trouver l’équilibre. Krishnamurti nous disait déjà au siècle passé que « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. »¼
Ensuite, de nombreuses ressources permettent de rétablir une fluidité émotionnelle (rappelons qu’une émotion est une expérience à la fois psychologique, somatique et physiologique libérant de nombreuses hormones qui peuvent stagner dans le corps si l’émotion n’est pas vécue et libérée).
Par exemple, la pratique du mouvement semble adaptée au besoin de circulation et d’évacuation de la charge émotionnelle hors des tissus : bouger, librement, consciemment, en laissant les articulations s’hydrater, trouver de la mobilité et de l’espace (ça tombe bien, le Yoga peut s’explorer par des postures appelées « asana » et des séquences de mouvements).
Aussi, la respiration et sa capacité à réduire l’inflammation corporelle peut permettre une régulation et un apaisement des douleurs ou des sensations d’inconfort liées aux symptômes des maladies auto-immune.
Ensuite, écouter SES besoins sans se forcer à suivre une chorégraphie ou un programme (alimentaire, sportif…) permet de réclamer son agentivité et sa souveraineté, contrairement au conditionnements sociaux, nous pouvons alors sortir des carcans et se réapproprier nos actions, nos choix, nos comportements. Dans les cours de Yoga (en groupe, individuel ou chez vous), essayez de porter attention à ce qui fait du bien dans le corps, ce qui vous semble ‘juste’ pour vous et d’aller dans le plaisir, dans le respect de chaque anatomie : singularité avant l’homogénéité.
Poser ses limites et apprendre à refuser, à dire ‘non’ est également une capacité grandement libératrice et permettant de nourrir nos espaces, nos rythmes plutôt que de subir les comportements qui ne nous correspondent pas !
Le Yoga nous invite aussi à ne pas nous attacher trop ardemment à nos possessions, nos relations ou même à nos corps, puisque tout finit par passer et se terminer un jour, autant vivre la vie pleinement même si certain.es n’apprécient pas nos changements (plus facile à dire qu’à faire, je sais…) !
Les émotions d’ailleurs ne sont que des émotions : elles ne sont pas ce que nous sommes. Nous SOMMES la conscience qui fait l’expérience des sentiments et sensations, qui observe, qui expérimente le moment. Donc, avec suffisamment de ressources et de soutien, nous pouvons sur
nos tapis de yoga ou en thérapie, aller rencontrer, écouter, intégrer nos émotions pour ce qu’elles ont à nous apprendre. Il en va de même pour nos pensées, nos douleurs ou nos croyances ! Tout n’est qu’expérience selon les philosophies du Yoga. La peur aussi.. avec curiosité et compassion. Finalement, deux conceptions yogiques peuvent être soutenantes pour naviguer la maladie :
la spiritualité : la conscience que nous existons dans un système qui nous dépasse, et le contentement : accepter les choses telles qu’elles sont tout en travaillant pour atteindre ce que nous voulons. L’une nous rappelle que les réponses n’existent pas que dans les données scientifiques quantifiables, que tout est UN, relié, entremêlé dans une universalité aussi rassurante que troublante (toutes les personnes souffrantes partagent des sensations similaires tout en étant uniques et singulères). L’autre nous invite à accueillir la maladie comme une opportunité de croissance, de ralentir peut-être, de soin, d’apprentissage de soi et de réajustement…
Pour conclure cet article, je voudrais vous partager avec douceur et tendresse que chaque modalité thérapeutique (Yoga y compris) nous rappelle la différence fondamentale entre être responsable comme coupable et être response-able, de l’anglais ‘able to respnd’ : apte à répondre. Nos corps sont brillants, pertinents, dotés de grande intelligence et nous informe en permanence de tout ce qui nous traverse. Aussi, en prenant la responsabilité de les écouter, nous pouvons transformer la souffrance en ouverture au Monde et à Soi – sans ignorer la pénibilité de l’expérience, mais en y trouvant aussi des sources d’émerveillement et de reliance à l’Humanité.
Et tout ça, c’est du Yoga.
Chaleureusement
Elisa Jouannet
www.elisajouannet.com
contact.elisajouannet@gmail.com
@elisajouannet
- Why Nearly 80 Percent of Autoimmune Sufferers Are Female – Scientific American by Melinda Wenner Moye
- Addiction Expert, Speaker and Best-selling Author Dr. Gabor Maté (drgabormate.com)
- How To Release The Anger | Rage Trapped in Your Body | Effects Of Suppress Anger by Dr. Gabor Maté -YouTube
- (¼) Jiddu Krishnamurti : Ce n’est pas un signe de… (ouest-france.fr)
Et vous, quelles sont vos expériences avec le Yoga ou d’autres formes de mouvement conscient, et comment ces pratiques ont-elles influencé votre bien-être émotionnel et physique?
Rappelez-vous ceci : vous pouvez vraiment améliorer votre bien-être et aller mieux. Il est possible de reprendre votre pouvoir personnel sur votre maladie auto-immune afin que vous puissiez faire l’expérience d’une vie épanouissante et retrouver de la joie ! Je suis là pour vous aider et vous guider. N’hésitez pas à consulter ma page « Travailler avec moi ».
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Super article, étant atteint de maladie auto-immune, cela me parle beaucoup. Je me retrouve dans ce qui a été évoqué (stress, honte, émotions, etc.). Cela a provoqué une cascade de problèmes de santé psychologiques et neurologiques. Depuis, le mouvement et notamment le yoga m’ont beaucoup aidé à m’en sortir, c’est travailler sa conscience, une pratique comme remède du monde d’aujourd’hui.
Merci énormément Jérémy pour ton précieux partage 🙂 !
Merci Jeremy pour ton retour, les émotions sont tout aussi inconfortables qu’enrichissantes si nous trouvons les ressources pour les écouter, et je suis ravie de lire que le yoga et le mouvement en font partie pour toi ! conscience comme remède, ouiii ! 🙂
Super article ! Depuis que je fais du Yoga, je n’ai plus mal au nerf sciatique. L’étirement au niveau des jambes et des hanches fait une grande différence pour éviter de coincer. Et c’est un moment de plaisir qui me ramène dans mon corps, alors mon cerveau se calme 🙂
Merci beaucoup Mélanie pour ton retour d’expérience 🙂 !
Bonjour Mélanie, fantastique de lire que les douleurs se sont apaisées au niveau sciatique! belles explorations et moments de plaisir, si important oui ! 🙂
Bonjour. Ayant plusieurs pathologies, je trouve cet article intéressant ! Je vais aller regarder les autres articles 🙂
Merci pour ton commentaire 🙂 !
Merci pour cet article intéressant et éclairant. Il est vrai que le stress peut avoir des répercussions importantes sur notre santé et sur notre bien-être global. Etre à l’écoute de son corps, le respecter avec douceur, notamment à travers des postures de yoga et des exercices de respiration est vraiment bénéfique. Merci de le rappeler.
Merci Jeanne 🙂 !
Avec joie de ce rappel Jeanne, le yoga nous dit que nous avons tout en nous et que nous avons simplement tendance à l’oublier ! Chaleureusement, Elisa
Bonjour, pour moi la pratique du yoga, m’amène plus de détente, plus d’énergie et de conscience. Ce qui est bon pour ma santé globale. La danse m’amène de la joie de la détente et de l’ouverture en faisant circuler l’énergie partout dans mon corps.
J’ai beaucoup aimé cet article. J’aurai eu besoin de plus de titres et de sous-titres pour mieux me repérer. Merci !
Merci beaucoup Philippe pour ton retour d’expérience 🙂 !
Bonjour Philippe, merci pour ton retour d’expériences et de partager tes besoins, c’est enrichissant! belles explorations dansées et yogiques 🙂
Merci Elisa et Caroline pour cet article! Je me retrouve totalement dans la vision d’Elisa, dans ce lien entre corps, émotions et spirituel. Notre corps physique est le plus dense, celui qui nous transmet en dernier les messages que notre tête ou notre cœur n’ont pas réussi à nous faire entendre. Alors à défaut de savoir écouter ses intuitions et ses émotions, prenons vraiment le temps de ressentir ce qu’il se passe dans notre corps. Le chemin des mémoires traumatiques ne s’est pas manifesté chez moi par une maladie auto-immune mais par d’autres voies, et depuis cette prise de conscience, c’est devenu comme une évidence d’aider chacun à revenir à ce dialogue intérieur.
J’adore ce que tu dis « Notre corps physique est le plus dense, celui qui nous transmet en dernier les messages que notre tête ou notre coeur n’ont pas réussi à nous faire entendre. », c’est tellement vrai ! Merci beaucoup Flore pour ton commentaire 🙂 !
Merci Flore pour ton retour ! 🙂
ce qui résonne en moi c’est cette idée que les chemins d’expression de nos souvenirs traumatiques prennent différentes formes et utilisent différents langages oui !
pour moi le corps physique n’est justement pas le dernier à recevoir les messages de la tête ou du coeur, ce serait plutôt un ensemble dynamique d’échanges non hiérarchisés mais qui fonctionne en symbiose (sauf lorsqu’une part est bloquée par les normes ou habitudes ou processus physiologiques…) ; en fait, c’est le cerveau qui, selon de nombreuses études, reçoit les informations perçues par le reste du corps en dernier, donc notre ‘tête’/psyché/mental est à l’écoute du corps, qui lui, est le siège de nos souvenirs… mais en fait, tête, corps, coeur… ne serait-ce pas un tout indivisible ? 🙂
Belles explorations,
Elisa
Merci pour cet article, j’aime l’approche de l’écoute de son corps. Une vrai écoute de ses émotions transmises par le corps pour ce qu’elles nous apprennent sur nous même.
Merci beaucoup Alexandre pour ton commentaire 🙂 !
Bonjour Caroline, cet article me parle beaucoup, bien que je n’ai pas (à ma connaissance) de maladie auto-immune). Etant danseuse spécialisée en danses urbaines je peux témoigner au combien l’expression par le geste m’a libérer de charges mentales très lourdes à porter, et cela plus d’une fois … Il est très dangereux de contenir ses émotions, or c’est pourtant ce à quoi on essaye de nous contraindre! Dire ce que l’on pense un peu trop fort peut être perçu dans nos sociétés comme un manque de savoir vivre. Heureusement qu’il est encore possible de crier, de chanter et de s’exprimer par le geste quand on est seul (ça ne dérange personne et ça fait tellement de bien!). Nous ne devrions pas avoir honte de qui nous sommes. A mon sens la danse comme le yoga peuvent véritablement être utilisés comme des outils à la fois thérapeutiques et préventifs de la maladie!
Merci beaucoup Sandra pour ton commentaire 🙂 ! C’est génial de voir comment la danse a été une libération pour toi. La danse et le yoga, comme tu le soulignes, offrent des espaces où l’on peut véritablement être soi-même sans honte. Ces pratiques sont des alliés puissants pour la préservation de notre bien-être mental et physique.
Super article et bonne références pour le Dr Gabor Mate.
Merci Elma 🙂