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Dans ce nouvel épisode du podcast Les Résilientes, j’ai eu l’honneur d’échanger avec Soubattra, une femme dont le parcours est à la fois bouleversant et profondément inspirant.
À 35 ans, Soubattra est professeure de philosophie, doctorante et artiste. Une passionnée de transmission et de pensée, mais derrière cet engagement intellectuel se cache une épreuve qui a changé sa vie : un cancer de l’estomac diagnostiqué à 31 ans.
Aujourd’hui, elle vit sans estomac après avoir subi une gastrectomie totale, une opération qui a bouleversé sa manière de vivre et son rapport à son corps. Dans cet épisode, elle partage avec nous :
✔️ Son parcours avec la maladie et comment elle a traversé l’épreuve du cancer.
✔️ Les défis quotidiens d’une vie sans estomac.
✔️ Comment cette expérience a transformé sa vision de la vie et renforcé sa résilience.
Son témoignage est une véritable leçon de courage et de détermination, une invitation à repenser notre rapport à la maladie, à la santé et à la vie.
Une épreuve inattendue : Le diagnostic du cancer de l’estomac
Lors de notre échange, Soubattra revient sur le moment où tout a basculé, lorsqu’elle a appris son diagnostic après une année déjà intense et éprouvante.
Ses premiers symptômes sont apparus après un événement marquant : un voyage scolaire avec ses élèves où elle a frôlé une catastrophe. Ce choc émotionnel a déclenché de violentes brûlures d’estomac, qui lui ont rappelé une gastrite survenue plusieurs années auparavant à cause du stress des concours d’enseignement.
Malgré des douleurs persistantes et un pressentiment troublant, il faudra plusieurs mois d’attente avant que les examens médicaux ne révèlent enfin un cancer infiltrant de l’estomac. Une annonce qui a résonné comme un séisme dans sa vie.
« Quand mon médecin m’a annoncé que les cellules qu’ils avaient trouvées n’étaient pas très catholiques, j’ai tout de suite compris. J’ai demandé : ‘Est-ce un cancer ?’ Elle m’a répondu : ‘Sans doute.’ Et là… le sol s’est ouvert sous mes pieds. »
Face à l’incertitude et à la peur, une certitude s’impose rapidement : il faut agir, et vite.
La gastrectomie totale : Réapprendre à vivre sans estomac
L’une des parties les plus bouleversantes de son témoignage est le récit de sa gastrectomie totale, une opération radicale qui implique le retrait complet de l’estomac et la reconstruction d’un nouvel « estomac » à partir d’un segment de l’intestin grêle.
Une chirurgie lourde qui transforme totalement la digestion, l’alimentation et le rapport au corps.
« J’ai dû tout réapprendre : comment manger, comment écouter mon corps, comment vivre avec un tube pendant des semaines. J’étais affaiblie, je pesais à peine 40 kilos, je vomissais tout ce que je mangeais, et chaque bouchée était une épreuve. »
Les défis quotidiens :
– Manger en fractionné (toutes les heures au début).
– Tester chaque aliment pour voir s’il passe ou non.
– Gérer la fatigue extrême et la perte de poids.
– Accepter un nouveau rapport au corps et à l’alimentation.
Soubattra évoque aussi l’isolement immense qu’elle a ressenti à l’hôpital, en plein confinement, sans la présence de ses proches pour l’accompagner après l’opération.
« Je crois que les 8 jours d’hospitalisation ont été les pires de ma vie. J’avais des douleurs indescriptibles, je ne pouvais plus bouger, je pleurais seule la nuit. Je me sentais comme une machine cassée, rafistolée. »
Mais petit à petit, elle a puisé une force nouvelle en elle.
Trouver du sens dans l’épreuve : Un chemin vers la résilience
Ce qui frappe dans son témoignage, c’est sa capacité à transformer la douleur en apprentissage.
Sa formation philosophique lui a permis de prendre du recul, de chercher un sens à cette épreuve. Elle s’est appuyée sur les textes des stoïciens, sur la méditation et sur le soutien de ses proches pour traverser les moments les plus sombres.
« La seule chose que je pouvais faire, c’était accepter ce que je vivais et me concentrer sur les petits moments de bien-être. Un rayon de soleil, une musique qui me fait sourire, un message d’un proche. Petit à petit, c’est comme ça que j’ai remonté la pente. »
Aujourd’hui, même si tout n’est pas simple, elle affirme avec conviction que cette expérience a changé sa vie pour le mieux.
« C’est étrange à dire, mais je vois aujourd’hui ce cancer comme un cadeau. Il m’a permis de guérir bien plus que mon estomac, il m’a appris à me recentrer sur l’essentiel, à m’aimer davantage et à vivre pleinement. »
Un message d’espoir pour celles et ceux qui traversent l’épreuve de la maladie
À travers son témoignage, Soubattra veut transmettre un message fort à toutes les personnes qui font face à la maladie ou à une épreuve difficile.
« Ça peut aussi bien se passer. »
C’est la phrase qu’une amie lui a dite lorsqu’elle a appris son diagnostic, et qui l’a accompagnée tout au long de son combat.
« On a souvent tendance à imaginer le pire. Mais on oublie que parfois, ça peut aussi bien se passer. Oui, c’est difficile, oui, c’est une épreuve, mais la vie peut continuer, et même être encore plus belle après. »
Son histoire est une invitation à croire en la résilience, à prendre soin de soi et à apprécier chaque instant de vie.
Vidéo de l’épisode « Vivre sans estomac : le chemin de résilience de Soubattra »
Transcription complète de l’épisode
Caroline Lepinteur :
Bienvenue dans un nouvel épisode des Résilientes. Aujourd’hui, j’ai l’honneur de recevoir une femme dont le parcours est à la fois bouleversant et inspirant : Soubattra. À 35 ans, elle est professeure de philosophie et doctorante, une passionnée de pensée et de transmission du savoir. Mais derrière cet engagement, se cache une histoire de résilience…
Soubattra :
Merci beaucoup, Caroline, de m’accueillir.
Caroline Lepinteur :
Est-ce que tu peux, s’il te plaît, te présenter avec tes mots ?
Soubattra :
Oui. Alors, je m’appelle Soubattra, j’ai 35 ans, bientôt 36. Je suis enseignante de philosophie depuis presque 10 ans maintenant, et cela fait quatre ans que je me suis lancée dans une thèse.
Je l’ai commencée à peu près au même moment où j’ai découvert que j’étais malade. Donc, c’est vraiment une histoire de duo entre la maladie et ma nouvelle carrière de chercheuse.
À côté de cela, je suis aussi artiste, principalement illustratrice, et je raconte un peu ma vie : ma vie de prof, ma vie d’ex-malade, etc., sur Instagram.
J’ai été touchée par un cancer de l’estomac en 2020. J’avais 31 ans à l’époque. Aujourd’hui, j’en suis à ma quasi-quatrième année de surveillance médicale après tout ça, et il me reste encore un an et demi avant d’être officiellement déclarée en rémission, « guérie » comme on dit. Pour l’instant, ça se passe bien.
Caroline Lepinteur :
Merci. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu le moment où tu as appris que tu étais atteinte d’un cancer de l’estomac ? J’imagine que cela a été un moment assez difficile.
Soubattra :
Oui. Cela faisait une année très intense pour moi en termes de travail. J’étais enseignante en lycée et en même temps, je préparais un concours pour obtenir un contrat doctoral, pour entrer en thèse.
Je travaillais énormément, deux fois plus que d’habitude. Entre mes élèves, mes cours et mon concours, j’avais des semaines surchargées.
Les premiers symptômes sont apparus en 2019, après un voyage scolaire en Espagne avec mes élèves. Un événement très stressant a marqué ce voyage : nous avons failli perdre deux élèves dans un incendie. J’étais leur prof principale et, le soir même, mes premières brûlures d’estomac sont apparues.
J’avais déjà eu une gastrite six ans auparavant, à une période où je passais mes concours de l’enseignement. Mon médecin m’avait dit à l’époque : « Si ces symptômes reviennent, reviens me voir rapidement. » J’avais gardé cette phrase en tête.
Mais sur le moment, j’ai minimisé. J’ai mis cela sur le compte du stress et de la fatigue accumulée. J’ai continué à travailler.
Les douleurs ont empiré doucement, mais sûrement.
En juin 2019, lors d’une randonnée avec mon conjoint, j’ai eu tellement mal que j’ai dû m’arrêter en plein milieu du sentier. Je n’avais jamais ressenti une douleur pareille. Quand on est redescendus, j’ai acheté du Gaviscon en me disant : « Dès la rentrée, je consulte mon médecin. »
À la rentrée, j’ai pris rendez-vous avec mon médecin généraliste. Les douleurs s’étaient intensifiées.
Caroline Lepinteur :
Quels étaient les symptômes pour toi à ce moment-là ?
Soubattra :
D’abord, des brûlures d’estomac très intenses. Ça faisait mal sous le sternum. C’était localisé au centre, un peu en dessous de la poitrine.
Ensuite, la satiété précoce. J’avais une faim immense, comme si je n’avais pas mangé depuis des jours, mais dès que je mangeais deux bouchées, j’avais l’impression d’avoir avalé un repas entier.
C’était super bizarre.
Puis la perte de poids soudaine. J’ai perdu 6 kg en deux mois, sans raison.
Je me sentais extrêmement fatiguée. À un moment, j’étais allongée sur mon canapé et j’ai dormi trois heures en pleine journée, ce qui ne m’arrivait jamais.
Je faisais des cauchemars récurrents. Des rêves où j’avais un cancer.
Caroline Lepinteur :
Et le diagnostic est arrivé ?
Soubattra :
Oui. Après plusieurs mois d’attente. J’ai passé une fibroscopie et quelques jours plus tard, mon médecin généraliste m’a convoquée.
Elle m’a dit : « Les cellules qu’on a trouvées ne sont pas très catholiques. » J’ai tout de suite compris. J’ai demandé : « Est-ce un cancer ? » Elle m’a répondu : « Sans doute. »
J’ai eu l’impression de tomber dans le vide.
Mon mari était avec moi, par hasard. Quand il est entré dans le cabinet et qu’il a compris, il m’a dit : « Ça va aller. »
Et moi, j’avais juste envie de lui dire : « Mais non, ça ne va pas du tout ! »
Caroline Lepinteur :
Tu as ensuite subi une gastrectomie totale. Peux-tu nous expliquer ce que cela implique ?
Soubattra :
C’est une opération où l’on enlève totalement l’estomac.
On coupe l’estomac, et on relie l’intestin directement à l’œsophage.
Les médecins m’ont dit : « L’estomac n’est qu’un sac. Nous allons faire un travail de plomberie. »
J’ai dû tout réapprendre.
Les impacts :
✔️ Je dois manger en fractionné (6 à 10 petits repas par jour).
✔️ Certains aliments ne passent pas bien.
✔️ Mon poids s’est stabilisé à 13 kg de moins qu’avant.
✔️ La fatigue est plus présente.
Caroline Lepinteur :
Et psychologiquement, comment as-tu vécu cette transformation ?
Soubattra :
Ça a tout changé.
Je vois aujourd’hui ce cancer comme un cadeau. Il m’a permis de guérir intérieurement, de me recentrer sur l’essentiel.
Aujourd’hui, je ne me mets plus de pression inutile. J’ai une gratitude immense pour chaque instant de vie.
Caroline Lepinteur :
Quel message aimerais-tu transmettre aux personnes qui traversent une épreuve similaire ?
Soubattra :
La première chose que je veux dire, c’est une phrase que m’a dite une amie qui, elle-même, avait traversé un cancer du sang.
Quand je lui ai annoncé mon diagnostic, elle m’a répondu :
« Tu sais, ça peut aussi bien se passer. »
Et je crois que c’est ce qui résumerait tout.
On imagine toujours le pire, on se projette dans les pires scénarios… mais on oublie que ça peut aussi bien se passer.
Même dans les moments où tout semble s’effondrer, où la douleur est insupportable, il y a une issue possible.
Et je crois profondément que l’état d’esprit a un rôle essentiel. Ça ne veut pas dire que penser positif fait tout disparaître, mais ça aide à avancer, à supporter, à transformer l’épreuve.
Il faut aussi accepter de demander de l’aide et de s’appuyer sur son entourage, ne pas essayer de tout porter seul.
Et enfin, un truc qui m’a beaucoup aidée : se créer des petits plaisirs, des petites bulles de douceur, même dans les moments les plus durs.
Caroline Lepinteur :
C’est un message fort et inspirant.
Merci énormément, Soubattra, pour ton témoignage.
C’est un moment d’échange précieux et je suis sûre qu’il touchera profondément celles et ceux qui nous écoutent.
Soubattra :
Merci à toi, Caroline, pour ton écoute et ta bienveillance.
J’espère que ce partage pourra aider d’autres personnes qui traversent des épreuves, quelles qu’elles soient.
Caroline Lepinteur :
Comment peut-on te contacter si besoin ?
Soubattra :
On peut me retrouver sur Instagram, sur mon compte @lemondedesoulis.
Il y a aussi un lien dans ma bio vers mon e-mail si jamais quelqu’un veut me contacter plus directement.
Caroline Lepinteur :
Super !
Merci encore, Soubattra, d’avoir pris le temps de partager ton parcours.
Je te remercie pour ta sincérité, ta force et tout ce que tu transmets aujourd’hui à travers ton témoignage.
Soubattra :
Merci beaucoup, Caroline. Et un grand merci à toutes celles et ceux qui prendront le temps d’écouter cet épisode.
Écouter l’épisode et retrouver Soubattra
Écoute l’épisode ici : Spotify / Deezer / Apple Podcasts
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Retrouve Soubattra sur Instagram : @lemondedesoulis
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Caroline
Merci pour ce témoignage bouleversant . Je suis admirative devant un tel courage face à la maladie . Il permet également de relativiser certains de nos « problèmes ». Bravo pour ce combat .
Merci pour ton message ! Soubattra nous offre une incroyable leçon de vie à travers son témoignage. Sa force et son parcours inspirent à voir nos défis sous un autre angle. Je suis heureuse que cet épisode t’ait touché !
Merci pour ce superbe témoignage qui nous montre les petit soucis de la vie sous un autre aspect. L’on doit toujours espérer et dans le négatif, il y a aussi du positif.
Merci Caroline pour ton article inspirant et merci Soubattra pour ton témoignage touchant. Bravo pour ton courage et ta résilience. J’aime l’idée que l’état d’esprit joue un rôle primordial dans l’accueil et la gestion plus sereine de la maladie.
Merci à toi Mylène ! L’état d’esprit fait en effet toute la différence, et Soubattra en est une magnifique illustration. Son parcours est une véritable leçon de résilience. Ravie que cet épisode t’ait inspiré !
Merci pour ce partage profond, sincère et qui donne beaucoup d’espoir. J’admire la résilience et le courage de Soubattra, son témoignage fort qui se clot pas cette phrase que je garde en tête « tu sais, ça peut aussi bien se passer ». Bravo mesdames pour ce moment !
Merci infiniment pour ton message 🙂 ! La résilience et la force de Soubattra sont si inspirantes, et je suis ravie que son témoignage t’ait apporté autant d’espoir.
Quelle histoire inspirante et quel message ! Merci infiniment pour ce merveilleux partage, pour la force et l’humanité de Soubattra… Je n’ai pas les mots pour exprimer l’émotion que cette lecture a fait naître en moi.
Merci du fond du cœur pour ton message 🙂 ! Merci d’avoir pris le temps de partager ton ressenti, c’est précieux !